La Chine lance la planche à billets pour sauver Huawei


Pour sauver ses fleurons de la tech, la Chine a décidé de subventionner massivement, et sans limites, plusieurs entreprises dont Huawei. Elles devront s’atteler à fabriquer les semi-conducteurs de dernière génération que le pays ne peut plus acheter, du fait des sanctions américaines.

Un chèque en blanc pour cinq entreprises : voilà ce que vient de décider la Chine, après le dernier durcissement des sanctions américaines qui visent à priver les entreprises chinoises, dont fait partie Huawei, de semi-conducteurs de dernière génération. Selon le Financial Times ce mardi 21 mars, Pékin a décidé de changer de braquet. « Il est temps de sortir l’industrie chinoise de la misère », a gravement déclaré un responsable politique local. Car sans ce must-have qui rentre dans la fabrication des smartphones, de l’intelligence artificielle ou encore des batteries électriques, les usines sont à l’arrêt. Et il est hors de question que cette situation dure trop longtemps, martèlent les responsables politiques.

Cela fait plusieurs années que des sanctions américaines empêchent les entreprises chinoises de se fournir en semi-conducteurs. Les restrictions concernaient d’abord certaines entreprises placées sur liste noire – dont Huawei a fait partie – avant de s’étendre aux puces, puis aux machines fabriquant ces composants. Ces derniers mois, les règles se sont durcies. Un accord entre les États-Unis, le Japon et les Pays-Bas empêchera la Chine d’acquérir les équipements de fabrication de puces les plus récents.

Des subventions illimitées pour « sortir l’industrie de la misère »

Face à cette déferlante de mesures, la Chine a réagi. Le pays essaie par tous les moyens de développer ses propres usines de semi-conducteurs. Problème : mettre en place ce type d’industrie est incroyablement complexe, nécessite des investissements faramineux, et prend un certain temps. Et si le pays abrite bien des fabricants de puces, comme Semiconductor Manufacturing International Corp (SMIC) et TSMC Chine continentale, ces derniers n’ont pas encore réussi à fabriquer les composants de dernière génération. Bloomberg estimait en juillet 2022 que les fabricants principaux chinois de semi-conducteurs avaient encore trois générations de retard sur les puces de TSMC Taïwan – un des leaders du secteur. Et si la Chine avait déjà orienté des subventions déjà massives vers des entreprises ou des centres de recherche axés sur les semi-conducteurs, cela n’a pas été suffisant.

La Chine aurait donc décidé de changer de braquet. Le gouvernement a d’abord annoncé modifier l’organisation de sa stratégie technologique : une nouvelle commission scientifique du parti communiste va être créée, et le ministère de la science et de la technologie va être restructuré. Et surtout, Pékin s’appuierait désormais sur un groupe limité d’entreprises qui recevraient, sans conditions, de substantielles subventions, explique le Financial Times. Qui sont les heureux élus ? Selon des sources du média américain, il s’agirait côté fabricants de puces SMIC, d’Hua Hong Semiconductor et de Huawei. Côté fabricants d’équipements, Naura et Advanced Micro-Fabrication Equipment Inc China seraient concernés.

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Ces entreprises pourront obtenir des financements publics supplémentaires, sans avoir à répondre aux conditions qui existaient jusqu’à présent, comme le fait d’atteindre des objectifs de performance. Ces subventions seraient même « sans plafond », donc illimitées, en vue de « produire et de déployer des outils de fabrication de puces dans le seul but de surmonter les restrictions américaines ». De nombreuses entreprises avaient déjà reçu des aides massives de l’État chinois, mais elles étaient mal ciblées, selon un responsable gouvernemental interrogé par nos confrères. « La Chine a gaspillé trop d’argent (…) pour contourner les sanctions (américaines), sans résultat. Il est temps d’abandonner les illusions et de canaliser toutes les ressources possibles vers les entreprises capables de sortir l’industrie de la misère », estime-t-il.

Source : Financial Times



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